Depuis bientôt 1 an, la gestion des déchets sur notre commune a été confiée au SMICTOM Nord-Aveyron, un syndicat spécialisé dans le traitement des ordures ménagères. Force est de constater que notre production de déchets ne cesse d’augmenter, nous avons rencontré Elodie Gardes, présidente du Syndicat, pour mieux comprendre en quoi une meilleure gestion du tri pourrait avoir des conséquences notables sur l’environnement… et sur notre porte monnaie !
> Ce bref rappel sur la naissance du SMICTOM :
Le Syndicat Mixte Intercommunal de Collecte de Traitement des Ordures Ménagères (SMICTOM) est un syndicat implanté sur l’ensemble du territoire du nord-Aveyron.
Il existe depuis le 1er janvier 2017 d’où le fait qu’il ne soit encore que partiellement connu. C’est un service de collecte des déchets qui gère également les 8 déchetteries du territoire (Mur de Barrez, Soulages Bonneval, Entraygues, Curlande, Espalion, Sainte Geneviève sur Argence, Saint-Amans/Le Nayrac).
Pour donner quelques chiffres, le SMICTOM Nord-Aveyron emploie 40 personnes au total plus 24 élus qui composent le conseil syndical : 12 élus de la communauté de communes « Comtal «Lot et Truyère » et 12 d’Aubrac Carladez et Viadene.
Lors de la création de ces nouvelles entités début 2017, les deux communautés de communes ont eu comme compétence le service« Ordures ménagères et déchets assimilés » et ont fait le choix de déléguer cette compétences au SMICTOM Nord-Aveyron.
> Ces quelques chiffres sur la masse de déchets produite par foyer :
Sur le territoire du SMICTOM Nord-Aveyron, nous produisons 562 kilos de déchets dont 239 kilos de sacs noirs, 42 de sacs jaunes, 232 amenés en déchèterie et 49 kilogrammes de verre. Nous pourrions d’ailleurs diminuer le poids des sacs noirs en portant une attention toute particulière en triant le verre en le mettant dans les containers destinés à cet effet et la part fermentescible (déchets alimentaires) qui pèsent lourd et qui représentent 30% du poids total. Pour cela, il apparaît primordial de rappeler l’importance, dès notre acte d’achat, de choisir des produits sans emballage ou avec des emballages recyclés.
> Ce coût financier que cela représente :
Une tonne de déchets du sac noir coûte 137€ en traitement quand le sac jaune nous coûte 61 euros. Il faut que nous nous rendions compte que la tonne de sacs jaunes coûte deux fois moins cher à traiter que la tonne de sacs noirs d’où l’importance de diminuer la part fermentescible, part qui peut notamment servir à faire de l’engrais.
> Comment chacun peut faire sa part ?
Pour commencer : lorsqu’on achète. Nous devons tous faire attention à l’emballage qui se trouve autour du produit, savoir ensuite où le jeter pour qu’il aille au bon endroit et puisse avoir une seconde vie. Mais, le premier geste facile à faire : sortir le verre de nos sacs noirs !
> Le devenir des déchets que l’on jette :
Nous avons des camions qui sillonnent 280 000 kilomètres par an. Sur certaines tournées, ils collectent les sacs noirs, sur d’autres, les sacs jaunes. Ces camions vont ensuite vers des quais de transfert (NB : il en existe deux dans le Nord-Aveyron) pour vider leur contenu dans de grosses remorques. Ces quais de transferts sont propriété du SYDOM Aveyron (Syndicat départemental du traitement des déchets). Nos sacs noirs partent alors à Trifyl dans le Tarn. Ils vont ensuite dans un bioréacteur où ils sont recyclés, enfouis et ils produisent du gaz et donc de l’énergie.
Nos sacs jaunes quant à eux partent dans un centre de tri à Saint-Jean la Gineste dans le Lot où chaque produit est trié et peut donc avoir une seconde vie. Les bouteilles plastiques vont par exemple être transformées en fibre qui servira ensuite à faire des pulls polaires.
Le verre part quant à lui dans une verrerie à Albi où il sera recyclé à l’infini.
> Si on a un doute ?
Il vaut mieux trier : je doute donc je trie ! D’autant plus qu’il va y avoir des extensions des consignes de tri d’ici 3 ans. Des emballages qui ne vont pas encore dans le sac jaune aujourd’hui y trouveront leur place demain.
> Ces difficultés et obstacles que vous rencontrez :
Ce qui a été le plus difficile au niveau de la collectivité c’est le fait qu’aujourd’hui le SMICTOM Nord-Aveyron s’étend sur un territoire où historiquement, 8 collectivités différentes prenaient en charge ce service-là. Autant d’élus, d’hommes et de femmes qui ont donc dû commencer par se connaître. Chacun avait des pratiques différentes en fonction de ses contraintes. Le plus difficile se fut donc de tout harmoniser. D’autant plus que les élus avaient des objectifs différents et une connaissance du monde du déchet hétérogène. Ce sont pour ces raisons-là que nous avons jugé intéressant de travailler ensemble pour que ce métier soit finalement reconnu comme un métier spécifique porté par du personnel qualifié.
Au niveau des conditions de travail au quotidien : nous avons également dû harmoniser les pratiques pour que tout le monde puisse avoir les mêmes droits.
Un autre aspect qui a été difficile mais qui a très bien fonctionné c’est celui du personnel. Pour eux, ce fut un grand bouleversement : ils changeaient d’employeur, de structure, ils passaient d’une petite équipe à un groupe de 40 qui ne se connaissait guère. Pendant l’année 2017 la priorité fut donc que chacun se sente concerné et impliqué dans son travail et puisse faire sa place au sein de l’organisation.
Notre enjeu en Janvier 2017 ? Faire en sorte que le service soit assuré dans la continuité de ce qui était fait auparavant afin que les usagers ne se rendent compte de rien. Je pense d’ailleurs que ça a plutôt bien fonctionné à tel point que le SMICTOM Nord-VEYRON, on ne sait pas trop ce que c’est !
> Ce nouveau statut pour les employés :
Ces hommes et ces femmes ont fait leur choix et sont devenus, en fin d’année 2016, officiellement employés SMICTOM Nord-Aveyron. Ça a été un choix dur pour eux car ils allaient vers l’inconnu d’où le fait que certains ont décidé de rester employés par la communauté de communes.
> Ces prochains enjeux qui sont les vôtres :
On ne nous connait pas ! On ne connait pas le travail que l’on fait. C’est une difficulté naturelle et normale car l’on n’a pas travaillé dans ce sens-là jusqu’à maintenant.
En termes d’enjeu, ce qui est important pour nous c’est d’assurer un service de proximité. On s’est rendu compte que sur un rayon de 10-15 kilomètres des 8 déchèteries du territoire, les usagers ne se déplacent pas forcément jusqu’au lieu de collecte ce qui entraine, par exemple, des dépôts sauvages. C’est pourquoi nous nous sommes dit qu’il fallait amener ce service de proximité au plus proche des citoyens. Le conseil syndical a de ce fait pris la décision d’investir dans du matériel pour mettre en place des déchèteries mobiles. Ces dernières ont leur importance puisqu’elles arrivent sur les places de village pendant une demi-journée, un créneau au cours duquel tous les habitants viennent comme dans une déchèterie. C’était une façon de voir si ça fonctionnait et le test a été validé. On va donc investir dans du matériel digne de ce nom.
> Ces convictions qui sont les vôtres :
En tant qu’élue je suis convaincue que le SMICTOM Nord-Aveyron a sa raison d’exister. Le monde du déchet est un monde vraiment particulier qui demande une attention et un suivi réglementaire très important. On a tous intérêt à mutualiser tant qu’on peut nos efforts pour ensuite pouvoir faire des économies d’échelle. En tant que présidente c’est ma profonde conviction ! Pour l’avenir de notre planète on est tous responsables.
Par rapport au service que l’on apporte, on essaye à la fois d’être au plus proche tout en faisant de notre mieux pour contenir les coûts. À ce titre, par le biais de la TGAP, (NB : Une taxe de l’état) il va y avoir une hausse très importante du coût de tonnage des sacs noirs.
Nous ne nous leurrons pas : il sera difficile de diminuer les coûts tant cette part de traitement augmente de manière exponentielle ; elle représente 60% du budget et les autres 40% de charges correspondent à la collecte.
Notre travail au syndicat consiste donc à minimiser les charges en termes de collecte de manière à essayer d’éviter l’inflation. Cette hausse va avoir une répercussion sur la facture des contribuables d’où l’intérêt de réduire la production de déchets.
Mais, réduire les coûts ça passe aussi par réduire le nombre de kilomètres. Nous devons donc essayer de regrouper autant que possible des espaces de containers. Il faut éviter à des camions de faire 3 ou 6 kilomètres pour un seul container et essayer d’être le plus raisonnable possible. Nous sommes donc en train de revoir les tournées de collecte car parfois nos camions se croisent.
Au niveau règlementaire nous avons aussi des contraintes en termes de sécurité au travail et sur la sécurité des usagers notamment sur les zones de déchèterie. Il y a également des contraintes liées aux eaux de ruissellement présentes sur les plateformes : nous devons donc les collecter et assurer une qualité du rejet et des installations correctes. Autant de choses qu’il est parfois difficile d’imaginer quand on rentre dans une déchèterie.
> Ces objectifs que vous souhaitez atteindre :
Nous travaillons sur du moyen et long-terme. Pourquoi ? Déjà parce que nous n’existons que depuis peu de temps donc il a fallu dans un premier temps poser les bases et se structurer. Nous avons dû faire des investissements dont l’impact, ne se ressentira que sur du moyen et long terme. En tant qu’élu, c’est un aspect parfois difficile car l’usager se demande parfois à quoi peuvent bien servir ces investissements. Il faut comprendre que cet effort finira par payer et que nous profiterons des retombées dans 3, 5 ou 10 ans. Mais en tant qu’élu il y a aussi des échéances électorales. C’est pourquoi, nous devons faire le maximum d’ici 2020 pour que la structure soit forte et que l’organisation fonctionne.
Notre objectif principal est de sensibiliser tous les publics : auxiliaires à domicile, personnel de mairie, toutes les personnes relais et aussi et surtout, les enfants.
Nous souhaitons également être partenaire de tous les projets environnementaux en étant partie prenante de projets liés au développement durable. Aujourd’hui nous travaillons beaucoup sur la thématique des déchets verts, aux branches et au bois. Réfléchir à comment on peut éviter des brulages, des tas de branches à des endroits où ils n’ont pas lieu d’être. On réfléchit donc à comment les valoriser et on travaille notamment sur les chaufferies à blanc, les copeaux pour les animaux et les projets de méthanisation.
> Ce dernier message à la population :
L’intérêt de tous dépend du geste de chacun.